Stéphanie GERIFAUD

 

# parcours perso

Stéphanie Gérifaud a 44 ans. Elle est cheffe d’entreprise et mère de 2 enfants et elle vit dans l’Isère, près de Bourgoin-Jallieu. Elle a fondé DIGIBAT, une société de conseil en communication spécialisée dans le milieu du bâtiment en 2019.

La mission de DIGIBAT : Etre un connecteur entre un monde digital qui évolue très vite et un secteur du bâtiment encore très traditionnel. C’est un accompagnement 100 % sur-mesure en communication digitale dédiée à ces TPE et PME. Son objectif est de rendre chaque action de communication opérationnelle, efficace, transparente et adaptée à chaque spécificité de l’entreprise. Le digital devient incontournable tant pour trouver de nouveaux clients que de nouveaux collaborateurs (une des principales difficultés du secteur à l’heure actuelle).

# parcours pro

Après l’obtention d’un bac ES, Stéphanie passe par la case université pour prendre le temps de construire son orientation professionnelle. Elle fait alors une vraie découverte avec les métiers de la communication et du marketing. À la rentrée suivante, elle intègre un IUT en communication puis poursuit ses études en alternance à l’IDRAC, en master Marketing et Gestion des entreprises avec une spécialité en Communication.

Elle débute tout de suite, après ses études dans une TPE avec la mise en place d’un service Communication. Une expérience très enrichissante. Au fil des années, elle pilotera ensuite, différents services en Direction Marketing et Communication pour des industriels du secteur du bâtiment.

Elle est arrivée dans le secteur du bâtiment un peu par hasard après ses études, puis petit à petit, s’est prise de passion pour cet environnement, d’autant qu’elle le connaissait bien car elle baignait dedans depuis l’enfance avec son père architecte. Quasiment tout son réseau professionnel et personnel est dans milieu du bâtiment (à commencer par son époux). Elle en connait donc bien toutes les particularités.

Il y a 5 ans, elle décide de reprendre ses études tout en continuant, à gérer sa vie familiale, à travailler et à piloter son service et son équipe. Elle valide un MBA Directeur de la transformation digitale. Plusieurs raisons l’ont poussées à reprendre des études : l’envie d’apprendre, l’envie de se perfectionner sur l’univers du digital, avoir davantage le désir d’être acteur et non suiveur.

Reprendre ses études passée la quarantaine, c’est un peu une introspection, on voit les choses différemment, on a l’impression d’enlever ses œillères et de se dire « mais il y a une vie autour de moi » et le champ des possibles est énorme !

Cette formation lui a permis de réfléchir plus précisément à la digitalisation de son secteur de prédilection et de constater que les acteurs de ce milieu avançaient à différentes vitesses. Malgré une avancée des majors à digitaliser leurs process et leurs chantiers, malgré une volonté des fabricants à rendre leurs outils de communication numériques… une grande partie de ce secteur, composée essentiellement de petites et moyennes entreprises, reste encore en marge. Un fossé qui se creuse de plus en plus entre la digitalisation de la société et le monde des petites entreprises : par manque de temps, par manque de connaissance,

« Par où démarrer, avec qui, comment… ? ». De là est née l’idée de DIGIBAT. Elle quitte l’entreprise VICAT, pour créer sa structure en 2019. A terme elle souhaite élargir son offre de service sur un accompagnement plus global de la digitalisation des entreprises dans le secteur du bâtiment.

Stéphanie souhaite rester dans le secteur du bâtiment car c’est le secteur qui l’anime, qui la passionne et qu’elle connait bien. Elle a un bon dialogue avec les chefs d’entreprise. Elle veut les rendre fiers de leur identité, de leurs atouts et de leurs actions de communication (site internet, réseaux sociaux…) et leur faire prendre conscience que la communication a un véritable retour sur investissement lorsqu’elle est bien travaillée.

En parallèle, elle intervient en école de commerce en stratégie de communication et en stratégie de marketing à l’université.

# fierté

Stéphanie est fière d’avoir repris ses études à 40 ans : ça a été une année et demie très intense pour tout concilier (formation, travail et vie de famille) mais quelle fierté d’avoir réussi !

Son autre fierté est la création de son entreprise DIGIBAT. Elle a pris le risque de lâcher un poste confortable pour créer, à partir d’une page blanche, cette société. Etre alignée avec ses valeurs, sa stratégie, ses choix. Un unique regret : de ne pas l’avoir fait plus tôt !

Etre entrepreneure, c’est aussi un long chemin en terme de développement personnel, qui m’a permis de gagner en confiance au fil des mois, pour dépasser le fameux syndrome de l’imposteur.

# conviction numérique

Pour Stéphanie, l’absence des femmes dans le numérique est plutôt un problème lié aux stéréotypes construits dès l’enfance, ainsi qu’à une méconnaissance des métiers, qui s’apparente parfois au simple cliché du « geek ». Pourtant c’est un secteur où les métiers n’ont pas de genre et où, au contraire, la complémentarité femmes/hommes est très riche. Heureusement des leviers existent : la culture du numérique au sens large, l’acculturation des enseignants et des conseillers d’orientation, la formation (par exemple coder, dès la primaire, comme une seconde langue) ou encore la mise en valeur des femmes du numérique (comme le fait LDigital).

Pour casser ces stéréotypes, il est possible d’aller dans les écoles pour sensibiliser très tôt à l’entrepreneuriat (en particulier féminin) et aux métiers du numérique. C’est dans ce sens qu’elle intervient auprès des jeunes avec l’association 100 000 Entrepreneurs. Elle constate que dans les entreprises, les femmes doivent constamment montrer qu’elles ont leur place. La route est encore longue. Elles peuvent également s’entourer de paires, de réseaux, de leur entourage pour gagner en assurance et voir le potentiel dont elles sont capables.

# le message qu’elle souhaite faire passer

« Il n’est jamais trop tard pour être ce que vous auriez dû être ». George Eliot

Aujourd’hui, on peut se dire qu’il est possible d’avoir plusieurs vies dans une vie : alors il faut se faire plaisir, s’épanouir, trouver ce qui nous fait vibrer, ce qui nous incite à nous lever le matin. A 40 ans, il nous reste encore 25 ans à travailler… cela fait relativiser !

Les réseaux digitaux (comme LinkedIn) ou physiques (féminins ou mixtes) permettent de ne pas rester isoler, soit en se posant des questions sur une reconversion, soit avancer sur un projet entreprenarial…, toutes les intéractions permettront quoi qu’il en soit de nous faire grandir.

Même si les mentalités évoluent au sein des directions, encore beaucoup de femmes ne postulent pas sur certains postes pensant ne pas être à la hauteur, ou de pas avoir 110 % des compétences demandées. La question de la confiance est très importante.

Témoignage recueilli par Cécile Eynard

Le lundi 8 novembre 2021