Charlotte DIELEMAN

 

# parcours perso

Charlotte Dieleman a 35 ans. Elle est originaire du Jura. Elle est la maman épanouie de deux petites filles de 8 et 10 ans et vit à Belleville en Beaujolais (périphérie Lyonnaise). Pour Charlotte, l’informatique est un rêve d’enfant ! Elle a eu une adolescence bercée par un ordinateur sur lequel elle passait beaucoup de temps pour faire de la retouche photo, jouer…

Dans mon rapport de stage de la classe de 3ème, je parlais déjà de mon envie de travailler dans le numérique !

Malheureusement, un professeur lit son rapport et lui déconseille de partir sur cette voie-là « qui n’est pas faite pour les femmes ». Il lui assure qu’elle ne s’y épanouira pas et n’y trouvera pas sa place car c’est un monde trop masculin. 

Du coup, elle s’autocensure pour suivre ce conseil et s’oriente vers la biologie.

# parcours pro

Après quelques années d’études, elle devient diététicienne, un métier où l’on prend soin des soins des autres, on s’occupe de leur alimentation, de leur bien-être. Mais ça reste pour elle un métier alimentaire qui ne la faisait pas vibrer. Elle commence à travailler dans les hôpitaux, en magasin bio et pour une mutuelle. Mais Charlotte ne s’épanouit pas vraiment pas car elle aime apprendre sans cesse, découvrir de nouvelles choses, mettre de la créativité dans ce qu’elle fait. 

Lorsqu’elle devient maman, elle prend du temps pour s’occuper de ses filles. À son retour au travail, elle ne se sent pas à l’aise et se dit qu’il est temps pour elle de faire une pause. Elle prend un emploi alimentaire, surveillante dans un lycée, pour avoir le temps de réfléchir à son orientation professionnelle, à ce qu’elle a vraiment envie de faire. 

Au lycée, elle s’occupe de jeunes filles avec lesquelles elle parle beaucoup d’orientation, de choix professionnels, de formation. Elle leur dit qu’elles peuvent faire ce qu’elles veulent et qu’elles ne doivent pas se mettre de barrières. Une femme peut faire n’importe quel métier et elles ne doivent surtout pas s’autocensurer. À force de le répéter, elle finit par se dire qu’elle pourrait mettre ses paroles en application pour elle-même et incarner son discours.

Tout le monde est un génie. Mais si vous jugez un poisson sur ses capacités à grimper à un arbre, il passera toute sa vie à croire qu’il est stupide.
— Albert Einstein

Son rêve de petite fille était toujours là, elle se remet donc à l’informatique. Elle arrête également son contrat avec le lycée et contacte Pôle emploi pour faire une formation. Et là, commence un véritable parcours du combattant pour convaincre sa conseillère que c’était fait pour elle, que c’était ce qu’elle voulait faire depuis toujours. Elle va lui démontrer que le développement web est un métier d’avenir et en tension dans lequel elle est sûre de trouver du travail. Elle trouve elle-même des écoles dans lesquelles elle postule et intègre la Wild Code School pour une formation intensive de développeuse. 

Pour Charlotte, cette formation va être « intensive » à deux titres. Parce que le rythme est effectivement soutenu pour tout le monde. Mais aussi, parce qu’elle part alors de zéro en anglais et en informatique. Dans la formation, les autres participants avaient déjà un pied dans le numérique et n’étaient pas en totale reconversion comme elle. Pendant 5 mois, elle va avoir un rythme fou : elle se couche à 21 heures pour se lever à 3 heures du matin afin de réviser. Bien sûr, tout cela conjugué avec la vie de famille, de maman, de femme. 

Afin de compléter la formation technique, elle fait ensuite un stage de 6 mois, dans une super équipe bienveillante et dynamique, en tant que développeuse front end. Cette première expérience la conforte dans sa volonté de persévérer. À la fin du stage, son CTO met son CV en ligne sur le site du H7 (lieu de vie dédié aux startups à Lyon). Cela lui permet d’être repérée par Stackeo, une startup hébergée au H7. Elle va à nouveau rencontrer la bienveillance et la gentillesse d’une équipe prête à accueillir une jeune femme en reconversion. Ils lui font confiance ! Elle devient développeuse de software dans l’IOT afin de développer des logiciels pour les personnes qui veulent déployer des objets connectés.

# succès

Son plus beau succès est d’avoir atteint son objectif de transition professionnelle. Aujourd’hui, Charlotte se sent pleinement développeuse web et elle aime que ce soit un métier en mouvement permanent dans lequel il faut sans cesse mettre à jour ses connaissances.

C’était possible et tu y es arrivée !

Elle est fière de pouvoir dire à la petite fille qu’elle a réalisé son rêve ! Elle se dit aussi qu’elle n’a pas perdu son temps car tout ce qu’elle a appris avant lui est utile tous les jours dans son nouveau métier mais aussi dans sa vie personnelle. 

# conviction numérique

Charlotte aime donner du sens à son travail et elle a envie de s’impliquer, elle parle même de « responsabilité » à participer à l’inclusion des femmes dans le monde du numérique. Elle veut faire ça pour elle, pour les autres femmes et même, pour la société en général. Le monde du digital de demain doit être à l’image de la société grâce à la mixité. 

Pour elle, les choses sont en train de changer et son parcours le souligne. En effet, quatre hommes l’ont aidée sur le chemin de sa reconversion professionnelle. 

Tout d’abord son mari sans qui cela n’aurait pas été possible car il l’a épaulée tout au long de la formation et pris en charge la vie de famille. Ensuite, il y a eu le formateur qui lui a fait passer l’entretien pour intégrer la formation de la Wild Code School et qui l’a formée pendant 5 mois. Après, elle a eu la chance de rencontrer la première personne qui lui a fait confiance en tant que professionnelle, en la recrutant comme stagiaire. Avoir l’opportunité de faire suivre sa formation d’un bon stage était un gage de réussite pour elle. Enfin, le dernier homme qui l’a aidée est son CTO actuel qui lui a permis d’avoir ce tremplin du premier emploi. 

Aujourd’hui elle se retrouve dans une super équipe avec une femme à la tête de la startup. Pour elle c’est un petit clin d’œil du sort à ce professeur qui lui avait dit qu’elle n’avait pas sa place dans ce monde-là. 

Pour Charlotte, on pourra faire bouger les choses si on est dans l’action. D’où sa motivation à rejoindre les bénévoles de L Digital. 

# Le message qu’elle souhaite faire passer

Charlotte aimerait dire aux petites filles que tout est possible et qu’elles ne doivent pas s’autocensurer elles-mêmes. Mais également qu’elles ne doivent laisser personne les censurer !

C’est ce que je dis aujourd’hui à mes filles. Est-ce que vous trouvez que le métier de maman n’est pas fait pour les femmes ? Et mes filles me répondent non puisque tu le fais.

Témoignage recueilli par Cécile Eynard

Le 3 janvier 2022