Marine ROGNARD

 

# parcours perso

Marine Rognard a fait ses conscrits sous le ruban jaune cette année… pour la plupart des gens, cela ne parle pas trop, mais si vous êtes originaire du Beaujolais comme elle, vous aurez compris qu’elle a fêté ses 30 ans ! Cette année, elle fêtera aussi ses 6 ans chez Esker comme Administratrice Systèmes et Réseaux.

Avec 6 déménagements en 6 ans à son actif, on peut dire que Marine aime bouger ! Elle s’installera prochainement dans le sud de l’Isère avec son conjoint et son chat, Jet. Emménager dans ce nouveau nid ne l’empêchera pas de garder ses valises à proximité pour visiter les 4 coins du monde car elle aime beaucoup bourlinguer (d’où le nom de son chat !).

# parcours pro

Marine a su très tôt ce qu’elle voulait faire : réparer des ordinateurs. 

À 11 ans, j’avais un ordinateur qui ne fonctionnait jamais, donc constamment en dépannage. Alors, je me suis dit : plus tard, je serai réparatrice pour ne dépendre de personne !

Mais ce n’est pas simple de se lancer quand on a aucune connaissance dans le domaine !
C’est finalement la personne qui réparait souvent son ordinateur qui lui parle de la filière STI génie électronique comme étant celle qui se rapproche le plus de l’informatique en 2010 (les bacs professionnels en informatique, tels que le bac pro SEN, ont vu le jour alors qu’elle était déjà en Terminale).

Après l’obtention de son bac STI génie électronique, elle souhaite poursuivre ses études avec un BTS SIO (services informatiques aux organisations). La suite de son parcours ne sera pas de tout repos !
En cherchant une alternance, elle est confrontée à plusieurs entretiens difficiles avec des entreprises très exigeantes au regard des compétences acquises en sortie de bac technologique. C’est donc avec résignation qu’elle entre finalement en BTS SIO sans alternance, à Mâcon.

Ces deux années de BTS lui apprennent beaucoup, à commencer par le fait que le développement informatique n’est pas sa voie de prédilection (elle n’aime pas le côté « science exacte » du code) ! Elle se découvre un réel intérêt pour l’administration système et réseaux : gérer l’intégralité du parc informatique d’une entreprise, de la sécurisation et l’évolution de l’infrastructure informatique à la gestion des serveurs de messagerie, de fichiers, de sauvegarde ou d’applicatifs bureautiques. C’est qu’elle aime, c’est mettre les mains dans la technique et bidouiller un peu.

Après l’obtention de son BTS, elle décide de poursuivre en licence professionnelle « Réseaux et télécommunication, spécialité administration et sécurité des réseaux d’entreprises » pour gagner en expérience terrain. Et cette fois, elle ne veut pas passer à côté de l’alternance ! Après plusieurs déconvenues avec des entreprises qui préfèrent finalement recruter quelqu’un en CDI, elle trouve in extremis une entreprise à Annecy et elle saisit la dernière place disponible en licence : un vrai soulagement !

À son arrivée en entreprise, elle est prise en charge et formée par une collègue administratrice systèmes et réseaux. Sa posture bienveillante et son envie de transmettre l’ont tout de suite mise en confiance.

Cette collègue est devenue en quelque sorte une mentor pour moi ! Une vraie chance quand on sait à quel point les femmes sont rares à exercer ce métier ! (j’étais la seule femme de ma licence, et nous étions deux en BTS).

À la fin de son alternance, son entreprise lui propose de l’embaucher en CDI pour poursuivre cette première expérience. Elle y restera deux ans et demi avant de revenir à Lyon pour se rapprocher de sa famille.

En 2017, elle rejoint Esker en tant que Technicienne Support dans l’équipe Informatique Interne-Infra, une petite équipe de trois personnes au service des salariés de l’entreprise principalement. Son job consiste à créer des comptes utilisateurs, configurer les PC, via un système de ticketing pour gérer toutes ces demandes. Son manager lui propose d’évoluer progressivement vers le poste d’Administratrice systèmes et réseaux car il a identifié ses capacités.

J’occupe toujours ce poste actuellement, et je m’y épanouis vraiment : il n’y a pas de journée type et un vrai esprit d’équipe !

Elle a la sensation de participer pleinement à la performance de l’entreprise puisqu’elle gère les outils de collaboration internationaux et s’assure que les serveurs et le réseau tiennent la route pour supporter l’activité des collaborateurs d’Esker, notamment dans un contexte de croissance du business et des effectifs.

# FIERTé

Durant son parcours, Marine a pu souffrir qu’on ne lui laisse pas sa chance, en pointant souvent du doigt son manque d’expérience en début de parcours. La principale difficulté dans ce métier est de gagner en légitimité aux yeux des clients ou des utilisateurs. Cela peut être d’autant plus compliqué quand on est une femme puisqu’on est souvent perçues comme une extra-terrestre dans cet univers très masculin.

On lui a souvent fait sentir qu’en tant que femme, elle avait forcément moins de compétences que ses homologues masculins ou qu’elle n’avait rien à faire là. À l’époque où elle travaillait en hotline utilisateur, elle a déjà eu des interlocuteurs qui pensaient s’être trompés de numéro car c’était une voix féminine à l’autre bout du fil !

Une fois, quelqu’un a réclamé UN technicien et m’a clairement dit qu’il ne voulait pas que je m’occupe de son problème parce que j’étais une femme. À côté de cela, mes collègues de promo me disaient qu’en tant que femme, j’étais tellement rare que toutes les portes s’ouvriraient à moi. Mais moi, ce que je voulais, c’est simplement qu’on me considère pour mes compétences !

Elle s’est longtemps mis une pression énorme en cherchant constamment à faire ses preuves pour montrer qu’elle était à sa place. La confiance et le soutien de ses différents collègues et de son manager l’ont fait gagner en assurance. Aujourd’hui, c’est avec fierté qu’elle voit certaines personnes qui l’avaient dénigrées, revenir sur leurs dires pour reconnaître ses compétences.

Récemment, on lui a confié le tutorat et l’accompagnement d’une stagiaire. La jeune fille a beaucoup apprécié son expérience au point de vouloir poursuivre en alternance dans son équipe. Ce sera désormais à Marine d’endosser ce rôle de mentor, qui a été d’une importance primordiale dans sa propre carrière. La boucle est bouclée !

# conviction numérique

Marine pense que la baisse de l’usage domestique de l’ordinateur a créé une certaine distance entre le monde informatique et les gens. Dans sa jeunesse, on était plus nombreux et nombreuses à utiliser l’ordinateur à la maison pour tchater avec ses amis, jouer à des jeux vidéo ou tenir un blog. Aujourd’hui tout passe par le téléphone et on cherche moins à comprendre comment tout cela fonctionne. D’ailleurs, on a moins la possibilité d’agir pour réparer ou améliorer son ordinateur ou son téléphone, donc on s’y intéresse globalement moins, contrairement à l’époque où l’on pouvait facilement ouvrir une tour pour changer un disque dur, ou bien une carte graphique.

Elle a aussi le sentiment que les garçons sont mieux informés des opportunités offertes par le numérique, car ils sont plus nombreux à jouer aux jeux vidéo, généralement leur premier point de contact avec l’informatique. Pourtant, les métiers du numérique n’ont jamais été si nombreux ! Marine regrette simplement la méconnaissance de cette multiplicité de métiers.

Souvent, quand on pense à un informaticien, on s’imagine qu’il sait tout faire alors que les personnes travaillant dans
« l’informatique » ont des spécialités
. Autant de métiers porteurs où elle aimerait voir davantage de femmes.

Il n’y a pas besoin de tout connaître pour se lancer ! Il faut impulser un effet « boule de neige » : plus nous serons nombreuses, moins il sera difficile pour d’autres femmes d’intégrer des cursus numériques et de s’y faire une place pérenne !

En tant que première et seule femme de son équipe pendant 6 ans, elle trouve primordial de montrer qu’il y a des femmes dans ces métiers pour inciter d’autres femmes à les rejoindre et normaliser cette mixité au sein de la tech.

C’est la raison pour laquelle elle s’investit activement en tant qu’ambassadrice métier, en participant chez Esker à l’Eskuad
« Féminisation des métiers du numérique »
, un groupe de travail réunissant des eskeriennes volontaires pour intervenir dans des écoles ou accueillir des jeunes filles en stage. Selon elle, il y a également un vrai travail à mener auprès des parents et des écoles pour qu’aucun frein ne soit mis aux filles intéressées par le numérique.

# Le message qu’elle souhaite faire passer

Fais ce qui te fait vraiment envie, aies confiance en toi et surtout ne te mets aucune barrière (et ne laisse personne t’en mettre !) Il y a tellement de métiers dans la tech qu’il y en a vraiment pour tous les goûts, et les femmes y ont toute leur place !

Témoignage recueilli par Cécile Eynard

Le 29 septembre 2023