Jehanne NAGATI

 
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# parcours perso

Jéhanne Nagati est moitié égyptienne, moitié française. Elle a passé une grande partie de son enfance en Égypte et venait en France l’été pour les vacances.
Elle vit donc pleinement avec ces deux cultures.
Elle a fait le choix de venir vivre en France lorsqu’elle a eu 30 ans pour y poursuivre sa carrière dans la sécurité de l’information. Elle a deux enfants et aime la montagne !

# parcours pro

Ayant obtenu un diplôme d’ingénieure en électronique, Jéhanne a eu du mal à trouver du travail dans ce secteur en Égypte. Elle a donc travaillé dans un grand bureau d’architecture (2ème mondial) qui pense des villes, des hôpitaux, des aéroports, des villages touristiques. 

Dans ce bureau, elle s’occupait du design des courants faibles, des détecteurs d’incidents, du son, des appels aux infirmiers ou encore des réseaux informatiques. Elle a beaucoup apprécié cette expérience, car c’est celle qui lui a permis d’apprendre le plus de choses professionnellement. Dans les années 2000, elle quitte ce cabinet car il ne lui permettait pas d’évoluer et de grandir comme elle le souhaitait. 

J’ai découvert la sécurité de l’information un peu par hasard en intégrant une start-up américaine qui s’implantait au Moyen-Orient. C’était très nouveau
à cette époque-là !

Grâce à de nombreux voyages pour faire de la sensibilisation, elle a pu comprendre les réticences face à ce sujet.

Pour des raisons personnelles, elle décide de s’installer en France où elle trouve du travail facilement, car il y avait alors peu d’experts dans le domaine de la cybersécurité. Ainsi, elle a travaillé chez Total, et plus tard Schneider en tant que prestataire.

Aujourd’hui, elle travaille pour la société Nystek Éditions en tant que consultante en sécurité de l’information.

Les concepts n’ont pas beaucoup changé. C’est l’informatique qui a évolué, et donc la sécurité de l’information. Dans les années 2000, les entreprises géraient leurs propres réseaux et système d’information. Aujourd’hui, elles externalisent de plus en plus et la sécurité de l’information repose maintenant sur l’entreprise prestataire au travers d’un contrat. Nystek est l’une de ces entreprises prestataires.

La fonction de Jéhanne Nagati est de faire des audits de sécurité (analyse de risques, ajout de la sécurité dans les contrats), projets IOT, accompagnement des entreprises (sensibilisation, choix d’un prestataire).

Je travaille également sur le sujet du RGPD (Règlement général sur la protection des données). Ce règlement étant une obligation pour les entreprises, cela a accéléré l’intérêt pour la sécurité.

# succès

Jéhanne est fière de deux choses !
Tout d’abord de sa capacité d’adaptation qui lui a permis de travailler dans des entreprises très différentes (taille, culture, domaine). 

Sa deuxième fierté est son dernier projet en Égypte. C’était un très gros projet pour accompagner trois structures importantes : la Bourse du Caire, la Haute Autorité (entité gouvernementale chargée de s’assurer que les règles sont respectées) et la Chambre de compensation (entité qui officialise les transactions boursières). Il y avait des gros enjeux, car les besoins étaient très différents, avec des cultures très différentes aussi.
Elle était alors au début de sa vie professionnelle mais, malgré sa méconnaissance du secteur, elle s’était bien débrouillée ! Elle est encore très fière d’avoir réussi à mener ce projet.

# convictions numériques

Il y a très peu de femmes dans le secteur de la sécurité de l’information. Encore moins en France qu’en Égypte ! Jéhanne Nagati travaille donc tout le temps avec des hommes. Elle en a pris conscience en travaillant sur le RGPD, car il y a plus de femmes dans ce domaine. Elle a réalisé qu’elle était tellement habituée à travailler seulement avec des hommes que ça lui a fait bizarre de voir autant de femmes.

Elle regrette ce manque de femme dans le secteur car la mixité enrichit énormément tout secteur d’activité, par le fait même d’être de la mixité ! Cela permet d’apporter un autre regard et une autre façon de faire les choses, qui, forcément, ne peuvent qu’être enrichissant. 

Être en minorité n’est pas toujours facile et parfois elle a envie de changer. Mais elle ne veut pas décourager les femmes ! Au contraire, il faut qu’elles y aillent car elles ont beaucoup à apporter. 

Dans beaucoup de projets les femmes prennent souvent les mêmes postes (chef de projet, coordination, scrum master) mais on les trouve rarement dans le développement technique, dans les spécifications, en gros dans tout ce qui est très connoté « technique », car les femmes n’y vont pas. Elles se mettent un frein toutes seules en se sous-estimant et en pensant qu’elles n’ont pas leur place.

Avec le temps, elle s’est dit que c’était dommage d’essayer de faire comme tout le monde et de ne pas affirmer sa différence, jusqu’à un certain niveau. Et même que ça pouvait être une force.

En animant des sessions d’innovation, j’ai remarqué que les groupes mixtes (genre, âge, culture, connaissances) sont beaucoup plus riches. On a souvent tendance à effacer nos singularités pour s’intégrer au groupe. Mais nous effaçons ainsi nos points forts.

# le message qu’elle souhaite faire passer

Les femmes ne devraient pas avoir peur d’y aller, car elles en ont les capacités même si elles pensent qu’elles ont moins fortes dans la technique.
Elles ont des choses à apporter par le fait même d’être des femmes. 

“Je conseille les femmes de réseauter et de s’épauler… Seule, ce n’est pas facile, mais à plusieurs, elles peuvent tout surmonter !”

Témoignage recueilli par Cécile Eynard

Le mercredi 7 avril 2021