Mouchira LABIDI

 

EXPERTE INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

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AVANT PROPOS

“Avec Mouchira on se rencontre pour la première fois un soir de semaine dans un café. En la voyant je sais tout de suite que ce moment partagé va être agréable. Mouchira c’est le genre de femme qui met à l’aise tout de suite, le regard franc, un large sourire et le contact facile : elle aime les gens et ça se voit ! “.

#PARCOURS PERSO

Mouchira est née en Tunisie, elle est originaire de Siliana, une ville dans le nord-ouest. Elle est l'aînée d’une fratrie de 6 enfants (5 filles et 1 garçon, et oui girl power !). Là-bas, elle a toute sa famille, ses racines, ses ami(e)s… qu’elle essaie d’aller voir plusieurs fois par an.

Ce qui l’amène en France, et l’incite à laisser son poste d’ingénieur en informatique industriel qu’elle occupe en Tunisie, c’est avant tout le goût des études et son envie d’apprendre. Mouchira, c’est aussi la jeune maman d’un petit garçon, dont elle parle volontiers avec amour et tendresse. A 34 ans, elle a un parcours universitaire qui en impose (oui, elle est docteure et experte en Intelligence Artificielle) pour autant elle reste très modeste face à tous ses diplômes, ce qui compte pour elle, c’est avant tout l’expérience humaine, comme quoi l’IA et l’humain font bon ménage !

#PARCOURS PRO

Quand on commence à parler de son parcours, elle m'explique qu’en Tunisie les femmes s’orientent davantage vers des métiers techniques qui nécessitent des études longues “En Tunisie si tu veux avoir un bon métier, il faut que tu fasses des études”. A l’inverse les hommes s’orientent eux plutôt vers des études courtes et entrent sur le marché du travail plus rapidement. En Tunisie, dans les filières techniques, les classes sont composées de 50% de femmes. Quand elle arrive en France, pour préparer son Master en informatique industriel à l’INSA à Lyon, elle est donc plutôt surprise de voir qu’elles sont seulement deux filles dans sa promo !

Elle se dirige assez naturellement vers les métiers techniques, son père l’encourage et ce secteur l’intéresse bien, elle est aussi plutôt studieuse, les études ne la rebutent pas, elle aime faire des recherches, se documenter, trouver des solutions, et réfléchir à des problématiques concrètes.

A la fin de son master, elle tombe sur une annonce diffusée par son école, pour préparer une thèse autour des enjeux liés à l’efficacité énergétique chez Engie. Elle rempile pour 3 années de recherche et étudie les enjeux liés aux villes du futur, la ville intelligente, les smarts city… autant de concepts qui définissent l’optimisation énergétique des villes de demain.

Au cours de cette mission au sein d’Engie, elle met en place des outils d’aide à la décision, réfléchit à des solutions innovantes, met en place des actions concrètes qui permettent aux équipes d’avancer sur ces problématiques. C’est donc assez naturellement qu’après sa thèse elle continue au sein d’Engie à piloter des projets d’IA sur la thématique environnementale, elle est en relation avec tout un écosystème de start up, des laboratoires de recherches, ou encore des grands groupes informatique comme IBM ou Microsoft.

Après 6 années à réfléchir autour de la thématique environnementale, Mouchira a envie de découvrir d’autres secteurs, et de mettre à profit ses compétences acquises autour de l’IA pour de nouvelles entreprises. Parce qu’à la base ce qui l’intéresse c’est de pouvoir aider les gens, maintenir le lien social entre les personnes, et faciliter le quotidien des personnes grâce aux outils numériques. Petite elle voulait être médecin, puis prof, en bref se sentir utile pour les gens. Et c’est dans les métiers de l’IA qu’elle arrive à vivre ce rêve d’enfance, en proposant des outils numériques pour la vie de tous les jours.

En octobre 2018, elle intègre donc Econocom, un groupe à dimension européenne qui à pour vocation d’accompagner les entreprises de tous secteurs dans leur transformation digitale. Elle y est responsable de l’offre IA et conseille ses différents clients depuis l’analyse de leur besoin, à la définition des objectifs, en passant par la priorisation des projets, la mise en place de POC (Proof Of Concept ou comment démontrer la faisabilité d’un projet par la mise en application) puis par les différentes phases de tests et enfin le déploiement.

#SA VISION DE L’IA ET DE SON MÉTIER

Aujourd’hui, Mouchira est à la recherche de nouvelles opportunités autour de l’innovation et de la transformation numérique et ce qui est appréciable avec elle, c’est que tout au long de notre échange elle veille à n’utiliser aucun mot technique, ce qui l’intéresse ce n’est pas d’utiliser du jargon professionnel mais plutôt qu’on comprenne bien son métier et ses enjeux, la technique c’est secondaire !

L’intelligence Artificielle c’est un concept qui peut être un peu impressionnant, on en voit dans des films de science fiction, on en entend parler sans trop savoir ce que ça veut dire. Il faut dire que le mot “Intelligence Artificielle” fait un peu peur. L’idée qu’une machine peut simuler l’intelligence humaine n’est pas forcément rassurante ! A ses débuts Mouchira me confie qu’on lui demandait d’employer l’expression “Outils Intelligent” plutôt que “Intelligence Artificielle”. Depuis les mœurs ont évolués, même si l’IA promet d’encore évoluer de manière radicale dans les prochaines années.

Dans notre quotidien on utilise tous, tous les jours, des outils qui mettent en avant de l’IA. Notre téléphone portable en est un bon exemple ! De l’utilisation des chabots (conversation automatisées), les assistants vocaux téléphonique, les enceintes intelligentes à commande vocales, les voitures autonomes… sont autant d’exemples que tout cela est déjà une réalité.

Pour Mouchira toutes ces avancées technologiques sont avant tout des opportunités d’améliorer notre quotidien. Elle est par ailleurs consciente que tout cela doit se faire à condition que l’être humain prenne la mesure de la responsabilité qui lui incombe, et qu’il veille à définir des normes et des règles.

#ET LES FEMMES DANS TOUT ÇA ?

Dans son équipe Mouchira est la seule femme, ça ne la dérange pas, elle est assez à l’aise pour travailler avec des hommes, pourtant elle aimerait voir plus de femme dans ces métiers ! Pour elle, travailler dans l’IA nécessite de faire preuve de créativité, de curiosité, de sensibilité, de savoir réfléchir en dehors du cadre, et donc de ne pas être trop “carré”. Autant de qualités que Mouchira constate retrouver chez de nombreuses femmes ! Elle me confie avec un grand sourire :

CE N’EST PAS LES FEMMES QUI ONT BESOINS DE CES MÉTIERS, MAIS C’EST CES MÉTIERS QUI ONT BESOINS DES FEMMES.

#CE QUI LA BOOSTE AU QUOTIDIEN

Mouchira c’est une femme qui a de vraie valeurs humaines, bien qu’elle soit dans un univers technique, ce qui compte avant tout, pour elle, et qui est une qualité indéniable dans son activité, c’est la capacité à fédérer autour d’un projet commun, de savoir rallier les personnes à sa cause et les amener avec elle tout au long d’un projet auquel elle croit et qu’elle défend.

Tout cela bien sûr, elle le fait en équipe, du début à la fin d’un projet, qu’il voit le jour où qu’il capote à mi-parcours, la cohésion doit rester le maître mot !

“Parfois les projets ne se passent pas toujours comme prévu, mais le travail d’équipe reste important, on est une équipe au début du projet, on reste une équipe à la fin du projet, rien ne sert de chercher le coupable, et toujours garder le sourire, c’est important !”

Et comme si cela ne suffisait pas, elle est aussi tournée vers l’autre, au travers d’actions de bénévolat qu’elle trouve le temps de caser entre sa vie pro et perso. Que ce soit pour l'association qu’elle soutient en Tunisie A Free Can ou encore au sein de Ldigital. Mouchira c’est la bonne humeur incarnée et l’optimisme !


Virginie Nacci

Lyon, le 20 mai 2019